La réunion d’automne de la Société Francophone d’Histoire de
l’Ophtalmologie s’est déroulée ce premier week-end d’Octobre 2025 à Strasbourg
à l’invitation de nos ami(e)s Elisabeth et Pierre qui nous ont remarquablement
reçus en terre alsacienne. Nous étions 36 à y répondre favorablement.
Le vendredi 3 octobre, rendez-vous nous avait été donné dans les Caves Historiques des Hospices de Strasbourg dans l’enceinte de l’Hôpital Civil pour une visite guidée suivie par un buffet déjeunatoire.
Cette cave à vin médiévale de 1 200 m2 a été construite entre 1393 et 1395, période du Moyen Age où le vin était utilisé comme traitement médical auprès des patients de l’Hôpital Civil. Ces caves participaient ainsi au financement et à l’autosuffisance alimentaire de cette institution médicale historique en bénéficiant de règlements de frais hospitaliers en nature et de dons de la population soignée.
En 1995, pour son 600°
anniversaire, cette cave a été reconvertie en coopérative viticole, sous
l’impulsion de vignerons alsaciens. Ceux-ci confient une partie de leur
production à la cave, réputée par la qualité de ces vins. Là sont élevés ces
différents crus alsaciens dans une cinquantaine de pièces en chêne, vin mis
ensuite en bouteille sous le nom de « Vin des Hospices ». La cave
abrite un des plus vieux vins du monde, un vin blanc de 1472, conservé dans un
nouveau tonneau depuis 2015. Une bouteille de ce vin est encore visible au sein
de la cave
C’est au milieu de ces futs ancestraux, dans la petite
partie musée, que nous furent servis, pour nous restaurer, de délicieux petits
fours salés et sucrés, accompagnés de crus alsaciens de bonne facture. Le clou
de la visite était le passage dans la salle de dissection de l’Hôpital, salle
cachée tout au bout de ces caves.
Une petite marche digestive nous a permis de rejoindre,
toujours dans l’enceinte des Hospices civils, une salle de conférence de
l’IRCAD (Institut de Recherche contre les Cancers de l’Appareil Digestif),
centre de recherche médicale privé, fondé en 1994 par le Professeur Jacques
Marescaux. Ce centre est reconnu comme le leader mondial dans les domaines de
l’informatique, de la robotique et de l’imagerie médicale appliquée à la
chirurgie mini-invasive.
Là a eu lieu la présentation de notre partie scientifique : 4 conférences centrées sur l’histoire médicale et ophtalmologique
alsacienne, que nous a parfaitement résumé, en introduction, sur un tableau
synthétique, le Docteur Alain Lefrançois.
-
Le docteur Edward De Sutter nous a parlé du Département d’Ophtalmologie durant les deux périodes où l’Université de Strasbourg fut allemande. La première période, de 1872 à 1918, caractérisée par l’excellence scientifique, fut celle des grands noms de l’ophtalmologie strasbourgeoise : Ludwig Laqueur, pharmacologue ; Jakob Stilling, dans le domaine de la vision des couleurs ; Otto Shirmer et son célèbre test de larmes ; Théodor Axenfeld, dans le domaine des infections oculaires bactériennes ; Ernst Hertel et son appareil de mesure de la protrusion oculaire ; Karl Stargardt, qui a décrit la forme héréditaire de la dégénérescence maculaire juvénile. La seconde période, de 1940 à 1944, marque une rupture éthique radicale avec la tradition humanitaire de la Faculté de Strasbourg. Fondé par le régime nazi, le Service d’Ophtalmologie servait à mettre en œuvre les idéologies de santé nationales socialistes. Durant cette funeste période, la Faculté de Strasbourg se repliait sur Nancy.
- Le Docteur François Deschamps
nous a ensuite parlé de Johann Heinrich Jung-Stilling (1740-1817), médecin,
chirurgien oculaire, écrivain, mystique chrétien. Cet homme aux multiples
facettes, pratiqua la médecine générale, la chirurgie oculaire - notamment
l’opération de la cataracte - puis devint écrivain avec des textes
autobiographiques, des romans, et des écrits religieux et mystiques.
- Le Docteur Michel Maille – par
la voix de son épouse, Madame le Docteur Françoise Froussart- Maille – évoquait
Edmond Delorme : un carabin rouge célèbre (1847-1929). Admis à l’Ecole
Impériale du Service de Santé Militaire de Strasbourg en 1866, il participa
activement à la guerre de 1870, puis en tant que réserviste à celle de 14-18.
Agrégé du Val de Grâce, puis Professeur de Clinique Chirurgicale, et ensuite
Directeur de l’Ecole du Val de Grâce, sa vie scientifique se résuma en de
nombreux travaux. Il aborda la chirurgie moderne avec de nouvelles normes
d’hygiène. Il s’intéressa à l’ophtalmologie dans sa thèse en 1871 :
« essais ophtalmoscopiques », dans ses travaux sur les tubercules
choroïdiens dans la tuberculose miliaire et la circulation maculaire. Son
surnom de carabin rouge est lié à l’uniforme militaire dont le col et les
parements étaient de couleur rouge-sang.
Vous retrouverez ces différentes et intéressantes
communications dans un prochain numéro des Mémoires sous l’autorité de notre
ami Yves Ménillet.
Avant de quitter cette salle, notre Président Alain Ducasse est revenu sur les différentes péripéties survenues avant et après notre réunion
de printemps avec la SFO. Le vote qu’il nous avait soumis, malheureusement peu suivi par nos adhérents, concluait à la
proposition numéro 3, c’est à dire une seule réunion par an. Projet à étudier
en profondeur.
Notre journée s'est poursuivie par une déambulation dans
l’enceinte des Hospices sous la houlette de Monsieur Durand de Bousingen, pour
rejoindre l’ancienne Pharmacie et la visite très intéressante, du Musée des
Amis des Hospices Universitaires de Strasbourg (AHUS). Nous retrouvions là de
nombreux instruments anciens dans différentes disciplines médicales et
chirurgicales et pour notre spécialité les ancêtres – entre autres - du champ
visuel, de l’ophtalmomètre de Javal et des différents tests de vision des couleurs.
Cette journée du vendredi s'est terminée dans le célèbre cadre
de la Maison des Tanneurs, dans la Vieille France, autour d’une somptueuse
choucroute garnie et d’un dessert glacé.
Le samedi 4 octobre, nous avions rendez-vous au Parlement Européen, où, après de sévères contrôles de sécurité, nous étions attendus par une remarquable guide-conférencière qui, pendant 2 heures, nous fit visiter ce vaste bâtiment qui - depuis 1999 - abrite le siège officiel du Parlement Européen. Après un premier aperçu dans la majestueuse cour centrale du bâtiment Louise-Weiss, nous avons eu la chance de sortir du circuit habituel des visites en rejoignant l’espace d’accueil des personnalités arrivant au Parlement.
Ensuite, une déambulation dans les différents niveaux de ce bâtiment nous a conduits vers la spectaculaire salle de réunion où siègent les 720 députés européens, venant des 27 états membres de l’Europe. Dans cette grande salle se tiennent les séances plénières mensuelles où sont votées les différentes lois qui régissent la Communauté Européenne. Les commissions et les groupes politiques se tiennent à Bruxelles. Notre guide nous narra par le menu les différents travaux entrepris, le fonctionnement et la composition actuelle de ce parlement.
Un retour vers le centre de Strasbourg nous a conduits à la fameuse Maison Kammerzell, sur le parvis de la cathédrale, où nous étions accueillis dans une magnifique salle décorée par le peintre et illustrateur alsacien Leon Schnug, pour y déguster un sympathique repas.
Nous avions ensuite peu de pas à faire pour nous retrouver
autour d’un guide conférencier pour une une visite de la célèbre Cathédrale de
Strasbourg. Malheureusement, nous devions nous contenter que de la visite
extérieure, l’édifice n’étant pas accessible aux visites intérieures, car
occupé par une cérémonie religieuse.
Nous avons poursuivi notre visite de la ville de Strasbourg
pour un reposant trajet en bateau sur l’Ill qui enserre le centre
strasbourgeois, avec un détour jusqu’au Parlement Européen, ainsi revu de
l’extérieur.
Cette longue et captivante journée s'est terminée, grâce à une
organisation millimétrée, par notre repas de gala au restaurant Buerehiesel, au
sein du Parc de l’Orangerie où nous étions magnifiquement reçus par le
chef étoilé Eric Westermann, qui nous proposait des mets de grande finesse, le
tout dans une ambiance feutrée.
Ainsi s'est conclue notre sympathique réunion
strasbourgeoise, concoctée de mains de maître par nos hôtes Elisabeth
Desperbasque et Pierre Gangloff que, bien entendu nous remercions
chaleureusement pour leur accueil, leur programme de grande qualité élaboré et
réalisé sans heurts, et leurs découvertes de la réputée gastronomie alsacienne.
Un seul regret : l’absence, malheureusement non prévue,
de notre Président Alain Ducasse et de son épouse, bloqués à leur hôtel par une
vilain virus. Nous leur souhaitons, bien sûr, un très prompt
rétablissement !
Nous nous retrouverons à présent à Pont A Mousson à la
réunion d’automne 2026, prévue normalement les 2 et 3 octobre 2026, autour de
notre amie Isabelle Coutrot qui, samedi soir, nous a donné un rapide aperçu de
ce prochain week-end. D’ici là, vous serez bien entendu tenus au courant des
décisions prises par notre Bureau pour le déroulement futur de notre Société au
cours de l’année à venir.
Texte Dr Bertrand Arnoux
Photos Dr Jean Michel Merlihot
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