Après l’étape rémoise en 2023,
c’est en Franche Comté que nous attendaient et nous ont chaleureusement
accueillis François et Monique Deschamps, avec un programme alléchant et
prometteur pour ces deux journées.
Le vendredi 27 septembre 2024, nous nous sommes retrouvés en début
d’après-midi, au sein des bâtiments de «l’Aventure Peugeot» à Sochaux. Une fois
n’est pas coutume, notre programme - qui démarre habituellement par les
communications scientifiques de notre spécialité - a débuté cette fois-ci par
la visite du célèbre Musée de l’Automobile, abrité dans ces bâtiments.
Lorsque l’on évoque le nom de
Peugeot et son caractéristique logo du Lion, nous pensons évidemment au monde
de l’automobile, en nous souvenant des modèles que nous gardons en mémoire,
pour les avoir peut-être acquis, et même sûrement parfois conduits… Mais nous
avons probablement occulté le fait que l’histoire industrielle Peugeot a débuté
en 1810 par une simple activité de fonderie et d’aciérie dans un ancien moulin
à grains au sud de Montbéliard, près de la frontière avec la Suisse. La
réputation et le développement de la branche métallurgique s’est faite au
départ sur la qualité et l’innovation du laminage de ces lames de scies et de
toutes sortes d’outils du travail du bois, utilisés dans cette région du Doubs.
Puis, au fil des années, se développent les ustensiles ménagers : fers à
repasser, moulins à café, moulins à poivre. L’extension de la marque va passer
également par d’autres découvertes plus inattendues, comme les cerceaux des
robes à crinoline, les tondeuses pour les crinières des chevaux, mais aussi
pour la tonte des moutons et bien sûr pour le monde de la coiffure. Viennent
ensuite les ressorts, les tournebroches, les boites à musique, les pendules,
les miroirs et … ce qui intéresse notre spécialité : les branches de
lunettes ! Parallèlement à la branche métallurgique, se développe une
filière textile, avec surtout l’outillage qui s’y rapporte et bien entendu la
célèbre machine à coudre « à doubles pédales ». Citons encore
d’autres fournitures, comme les armes à feux, les instruments de cuisine, ou les
lave-vaisselle.
A la fin du 19° siècle, la
famille Peugeot s’oriente, dans un premier temps, vers la production de
cycles : vélocipèdes ou « grand bi » ; puis de bicycles, et
de tricycles, en collaboration avec l’équipementier pneumatique Michelin.
Arrive alors l’ère de la motorisation de ces nouveaux engins révolutionnaires (la
moto-bicyclette) et le passage, en collaboration avec la marque Panhard et
Levassor, et la marque Daimler, vers un nouveau genre de véhicule :
« l’auto-mobile » qui naît un jour de novembre 1889. Ainsi est créée la
Société anonyme des Automobiles Peugeot sous la houlette d’Armand Peugeot.
Le Musée rassemble les différents
et multiples modèles automobiles de la marque, de la fin du 19° siècle à nos
jours, avec des modèles iconiques comme la BB Peugeot (en collaboration avec
Ettore Bugatti) et son argumentaire publicitaire : « un sou le
kilomètre » ou les différentes gammes qui se déclinent ensuite par
des dénominations chiffrées : gamme 01, gamme 02, etc… jusqu’aux modèles
présentés actuellement sur le marché.
Peugeot a su rebondir sur chaque
époque : la grande guerre (1914-1918) avec une activité surtout basée sur
l’armement et les camions ; l’entre-deux guerres (1018-1931) avec la
création du « Grand Sochaux » et le démarrage de la production des
modèles en grande série, mais aussi la naissance du style Peugeot ; la
seconde guerre (1939-1945) donne un nouveau coup d’arrêt, mais le temps de la
reconstruction (1945-1948) et la période des Trente Glorieuses (1948-1972)
entraînent une nouvelle réorganisation et de multiples innovations, tant dans
le monde de l’automobile, que dans le monde du cycle ou de l’outillage. Le
choc pétrolier (1973-1985) entraine de nouvelles contraintes dans le secteur
automobile et pousse les différentes firmes du marché à se regrouper :
création du groupe national PSA Peugeot-Citroën, puis une dimension
internationale avec l’association Chrysler Europe. La marque développe une
activité sportive avec sa participation aux 24 h du Mans ou ses multiples
succès en rallyes.
Ainsi, de la lame de scie à la
dernière-née de la gamme automobile, ce tour d’horizon nous a permis de mettre
en valeur le savoir-faire « à la française ».
Après cette instructive et
distrayante visite, notre après-midi se poursuivait, dans une salle de
conférence, toujours au sein des bâtiments de l’Aventure Peugeot, par la partie
scientifique avec 4 communications très captivantes :
-
Yves Menillet nous a expliqué dans le détail comment et avec quels produits
étaient prodigués les « soins oculaires domestiques à la fin du XIX
siècle », à partir d’opuscules de l’époque.
-
Alain Lefrançois évoquait ensuite la passionnante vie de « Georges Cuvier
(1769-1832), pionnier de l’anatomie comparée », natif de Montbéliard,
anatomiste français, et promoteur de l’anatomie comparée et de la paléontologie
au XIX siècle.
-
François Deschamps retraçait le parcours d’ « Etienne Samuel Obinger, dit
Dupuy (1714-1790), chirurgien montbéliardais au XVIII siècle » dont la
réputation et la rigueur dépassaient largement la région.
-
Antoine Buemi faisait un savoureux portrait de « Salvatore Furnari
(1808-1866) : une vie polyédrique : médecin, chimiste, naturaliste,
philosophe, humaniste, écrivain, voyageur, patriote », en détaillant la
vie de cet homme polyvalent qui avait déjà fait l’objet d’une communication à
la SFHO, il y a 30 ans, publiée dans le numéro 1 des Mémoires (juin 1994)
Vous retrouverez, bien entendu,
ces différentes et intéressantes communications dans un prochain numéro des
Mémoires, sous la houlette de notre ami Yves Menillet.
Un sympathique repas nous
réunissait enfin dans une autre salle de ce complexe de l’Aventure Peugeot.
Le samedi 28 septembre, notre traditionnelle journée culturelle,
débuta par une longue déambulation dans la vieille ville de Montbéliard, blottie
au pied du château des ducs de Wurtemberg qui ont apporté, à la Capitale
Française de la Culture 2024, la religion réformée luthérienne. Rues et ruelles,
aux façades colorées, maisons, hôtels particuliers de belles factures,
bâtiments civils et religieux imposants (hôpital, halles, temples). Nos deux
guides nous ont fait découvrir la mémoire de ce riche passé. Après une halte devant
la statue de Georges Cuvier, évoqué la veille, nous terminions cette belle
visite au pied de la maison Peugeot, symbole omniprésent de cette ville.
Nous avons ensuite, par car,
rejoint le restaurant qui nous accueillait pour notre repas de midi, l’Auberge
Fleurie, au nord de Montbéliard. Nous étions chaleureusement reçus autour d’une
grande table, avec des mets choisis et des breuvages locaux de grande qualité.
L’après-midi se poursuivait par
la visite de la célèbre chapelle Notre Dame du Haut à Ronchamp, œuvre de l’architecte
franco-suisse Le Corbusier, érigée sur une colline de 1953 à 1955, sur les
vestiges d’un ancien sanctuaire romain et d’une chapelle détruite durant la
seconde guerre mondiale. Cette chapelle aux courbes futuristes et au toit
élancé fut ensuite complétée par un campanile, réalisé par Jean Prouvé,
réunissant 3 cloches et par d’autres bâtiments, dont une nouvelle porterie
accueillant les visiteurs et un couvent de Clarisses, œuvre de l’architecte
italien Renzo Piano, l’ensemble se dissimulant parfaitement dans le paysage,
lieu de calme et de recueillement.
Notre car nous conduisait ensuite
du nord vers le Sud de Montbéliard, dans les premiers contreforts du Jura, dans
le village de Montécheroux, célèbre dans le monde entier par la qualité des
pinces qui y étaient fabriquées, comptant jusqu’à 200 ouvriers forgerons en 15
ateliers, répartis dans le village. La fabrication de ces pinces de conception
particulière (la pince maillée vs la pince superposée) couvre un grand nombre
de spécialités, dont bien sûr l’industrie horlogère toute proche, mais encore plus
en rapport avec notre métier : la chirurgie et l’optique ! Ce Musée
de la pince, d’une richesse foisonnante, fut une étape captivante, grâce à la
participation d’anciens du village, racontant la vie de l’époque.
A quelques kilomètres de ce
village, nous attendait notre repas de gala, dans le restaurant « Mon Plaisir »
à Chamesol où le chef Christian Pilloud nous régalait tout au long de la
soirée, par une succession de mets aux multiples saveurs. Une apothéose !
Nous remercions chaleureusement,
comme il se doit , nos hôtes, Monique et François qui ont construit un
programme éclectique mais passionnant pour ces deux journées qui ont réuni les
fidèles membres de notre Société Francophone d’Histoire de l’Ophtalmologie.
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